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Prendre un enfant pendant les vacances...

Tous les enfants ne sont pas égaux dans leur vie familiale. En effet, certains d'entre eux ont un départ rendu difficile par des problèmes dans la vie de leurs parents.

Une association propose dès lors aux familles qui le souhaitent de parrainer un de ces enfants, âgé entre 2 et 12 ans. Il s'agit de le prendre en charge un week-end tous les 15 jours et une partie des vacances scolaires.

Pour mesurer les bienfaits de ce style d'opération, rien ne vaut un témoignage, que vous trouverez ci-dessous:

Une maman par interim

Vous êtes actuellement « marraine » d’une enfant de 12 ans qui n’a pas eu la chance d’avoir un environnement familial idéal. Comment en êtes-vous venue à vous occuper de ce petit bout ?

Vous savez, il y a des enfants gais, qui jouent et rient avec leurs parents, ont une alimentation saine, vont à la mer, font du vélo dans les bois. Et puis, il y a des enfants tristes, ceux dont les parents ont tellement de problèmes qu'ils sont incapables de leur montrer autre chose que ce qui les accable : la dépression, la boisson, la drogue, etc. Les seuls loisirs et plaisirs que connaissent ces enfants sont la télévision, les chips et les bonbons. Il existe à Bruxelles une association sans but lucratif qui se dépense corps et âme pour donner une seconde chance à ces enfants défavorisés et qui cherche des familles d'accueils pour quelques week-ends par mois et une partie des congés scolaires ; des « parrains » et « marraines » qui montreront à ces enfants ce qu'est une vie « normale » pour nous : se lever et se coucher à l'heure, manger des choses saines, pratiquer des activités physiques en plein air, lire des livres, etc. Mon mari et moi n'avons pas d'enfant mais nous les adorons. Nous avons lu un article de journal à propos de cette association de parrainage et nous nous sommes proposés comme famille d'accueil.

Et c’est là que vous avez fait la rencontre de Fiona…

En effet, elle avait cinq ans et demi lorsqu'on nous l’a présentée. Il s'agissait d'un cas très triste et très difficile, nous a-t-on dit. Sa maman avait 23 ans et élevait, seule, sa petite fille. L’histoire de la vie de cette femme est tragique. Elle a été maltraitée par son père et ses oncles; elle a claqué la porte de la maison à douze ans pour se réfugier chez un ami drogué; ensuite,  elle a sombré dans la drogue et la prostitution ; elle a fait deux fausses couches car son mari était violent. Puis, elle a eu Fiona ... Enfin, elle a quitté son mari qui la battait mais elle dû être hospitalisée plus d’un an et Fiona a été placée en institution.

Lorsque la maman est sortie de l'hôpital et a pu s'occuper à nouveau de Fiona, elle s'est  rendue compte qu'elle n'arrivait pas à éduquer sa fille : Fiona était de plus en plus méchante, sauvage comme un petit animal, refusant d'écouter, de manger, de se lever, de se coucher … Une assistante sociale a suggéré à la maman le système de parrainage et c'est ainsi que nous avons fait connaissance.

Quelques mois après le début de notre parrainage, Fiona s'est transformée en une gentille petite fille espiègle, dynamique et curieuse de tout. Il est évident que sa vie a pris un tournant bénéfique. Ses sourires radieux sont notre plus grand bonheur ! Je pourrais vous parler pendant des heures de cette petite fille. Il y a peu, la situation de sa maman s’est aggravée et nous avons pris en charge Fiona à plein temps. Nous avons maintenant le statut de famille d'accueil dépendant du Tribunal de la Jeunesse.

Comment fait-on, concrètement, pour rentrer dans ce système de parrainage ?

C’est très simple. On téléphone pour dire que l’on est intéressé et ils envoient un formulaire à remplir, sur lequel vous devez indiquer le nom de plusieurs personnes qui pourraient attester des vos bonnes motivations dans cette démarche. L’association prend alors contact avec elles. Ils viennent ensuite visiter votre habitation et s’entretenir directement avec vous pour savoir quel enfant vous souhaitez parrainer (âge, sexe …) et surtout pour déterminer lequel vous conviendra le mieux en fonction de toute une série de critères dont, par exemple, vos goûts en matière de loisirs. 

Comment vous appelle Fiona ? Maman, Marraine ?

Les enfants appellent les parents de parrainage « parrain » et « marraine ». C'est très chaleureux et, quand on est parmi d'autres gens, cela ne surprend pas trop. Quoique Fiona est tellement chaleureuse avec nous que tout le monde pense qu'elle est notre fille. On dit même à Luc qu'elle lui ressemble, qu'elle a les mêmes yeux ou le même sourire ! Parfois, quand on sympathise avec de nouvelles personnes, on raconte notre histoire... Parfois non, on laisse les gens penser qu'on est les vrais parents. Au début, quand quelqu'un disait à Fiona « Ton papa... », elle disait « Ah mais ce n'est pas mon papa ! ».  Maintenant, elle ne corrige plus jamais et elle dit même « je dois demander à ma maman » ou « mon papa voudrait... ».
Mais la situation est très claire pour Fiona : nous ne sommes pas ses parents. Elle dit souvent que sa maman est la personne qu'elle aime le plus au monde. Ensuite, c’est moi, puis le lapin, puis Luc... Et cela ne me fait pas mal au coeur du tout, c'est normal.

Qu’auriez-vous envie de dire aux lecteurs pour les tenter de se lancer, comme vous, dans cette entreprise de parrainage ?

Quand on fait du parrainage, c'est comme si on agrandissait notre famille : on a une nouvelle soeur —parce que ce sont surtout des femmes seules avec des enfants— un peu paumée et on l'aide à faire grandir ses enfants. Quand on commence, on a envie de faire de plus en plus. Et plus on donne, plus on reçoit ! Autre chose, les personnes seules peuvent aussi faire du parrainage, ainsi que les personnes plus âgées, qui jouent alors le rôle de grands-parents.

Pour info : Service Laïque de Parrainage, 29 rue Blanche, 1050 Bruxelles, 02/538.51.35 ou 02/537.90.55,  parrainage-enfant@laicite.net

Marie-Louise Gillain